free

il y a un début à tout...

je n’ai jamais tenu de journal auparavant, si je me suis décidée c’est pour me permettre de libérer mon esprit de toutes ces petites phrases assassines, impressions qui laissent mauvaise impression justement !

je suis réservée, pas timide mais réservée, je le suis tellement que je réserve tout mon opinion, mes idées, ma colère, ma répartie…

Mon éducation a été basée sur une non communication et une empathie à valeur négative, je devais me taire, faire ce que je ne voulais pas, ne pas aller chez des copains/copines, ne pas manger ce que j’aimai, ne pas avoir les jouets qui me faisaient envie et toujours penser aux enfants malheureux du tiers monde qui n’avaient même pas d’eau (sous entendu toi tu bois ! merci papa, merci maman!).

ma vie a débuté au décès de mon père (un être dont l’intelligence avait été remplacée par la violence) ; ma mère a rapidement fait son deuil et a trouvé un remplaçant moins de deux ans après : moi qui pensait qu’on passerait des moments sympas avec notre mère (nous sommes une fratrie de 4) en fait non, ma mère voulait un mari qui s’occupe d’elle, pas donner de son temps à ses enfants.

je m’attarde un peu sur cet aspect car même lorsque je l’écris cela semble encore incroyable : je croyais que ma mère nous aimait et que la violence présente chez nous avait pour origine mon père et uniquement lui. avec le temps, je me suis rendue compte que cette violence n’était que la conséquence d’un tout. c’est assez long à tout expliquer en une seule fois donc je pense que je ferai des flashs back. mais lorsque l’on est enfant notre perception est bien souvent faussée ou focalisée sur ce qui nous fait le plus peur ou ce qui nous impressionne le plus (le climat familial était celui de la peur : peur de faire quoi que ce soit car ce n’était jamais ce qu’il fallait).

j’avais peur de mon père, je guettai son retour par la fenêtre : il fallait que nous soyons prêts à recevoir le "maitre" de la maison ! l’aider à enlever ses chaussures (et oui, ça aussi ça parait fou) lui avoir fait son repas qui ne lui convenait jamais : trop froid, mal cuit, pas présentable (à force de faire réchauffer ce plat parce qu’il était en retard pas à cause de son travail mais trop occupé à boire son ricard au relais "des chasseurs" : alors oui c’était froid, pas présentable mais quand il était censé rentrer à 13h et qu’il arrivait à 14h et que nous pauvres gamins apeurés (car son humeur était égale à la roulette ruse) on guettait son arrivée, je n’aimai pas ces moments là; pourtant j’ai du les vivres pendant presque 18 ans, il est mort 11 jours avant mes 18 ans, même cet anniversaire il a réussi à le pourrir.

mes yeux se sont ouverts sur le monde, sur les personnes de ma famille génétiquement imposées, sur moi car je pouvais enfin respirer (c’est la première sensation que j’ai ressentie lorsque les gendarmes m’ont annoncés le décès de mon père : j’ai souri, mes épaules se sont relâchées et j’ai pris une grande inspiration) je naissais, cette émotion est encore palpable (notre cerveau est vraiment bien fait).

tout ce premier pan de ma vie m’a forgé une crainte du genre humain.

je n’arrive pas à faire confiance, j’ai toujours cette petite voie qui me répète "attention il se fout de toi" "méfie toi" "tu n’es pas en sécurité".

cet état de faits m’a exclu tout naturellement des "groupes" quels qu’ils soient : ni sportif, ni artistique, ni face book, ni relation sociale solide à l’exception d’une amie aussi solitaire qu’indépendante que moi !

cela ne signifie pas que je vis reclus chez moi : je travaille, j’ai des relations cordiales mais pas sociales (le jugement de l’autre m’excède pas l’opinion mais le jugement qui se croit une vérité universelle ! à l’heure de l’internet addict les prophètes sont nombreux!) je fais du sport, j’ai composée une famille grâce à laquelle je combat mes travers (j’en ai pas mal mais je les surveille de près).

je pense qu’il ne faut pas oublier ce que l’on a vécu enfant ou ses expériences de vie ça forge l’empathie.

en ouvrant ce journal, j’accepte de me lier à une communauté : bonjour à tous.